Modifications apportées à l’inspection annuelle des systèmes d’alarme incendie – Guide rapide à l’intention des techniciens

Ray Dulac, Lifeline Group of Companies

Steve Lott, EPI Fire Protection

Chris Ramenda, Onyx Fire Protection Services Inc.

Le secteur de l’alarme incendie a connu un changement important avec l’adoption de la norme CAN/ULC 536:2024, Norme sur l’inspection et la mise à l’essai des systèmes d’alarme incendie. Cette révision présente des changements importants qui modifient fondamentalement l’approche adoptée pour les inspections annuelles, obligeant les techniciens à adapter leurs méthodes et à augmenter considérablement la durée des inspections.

Principaux changements pour les techniciens

  • Les rapports d’inspection comptent maintenant au moins 18 pages et présentent un format normalisé.
  • Les nouvelles procédures d’essai de tolérance aux défauts de circuit peuvent ajouter plusieurs heures à l’inspection annuelle, selon le bâtiment.
  • Les essais des batteries prennent jusqu’à 10 fois plus de temps avec la nouvelle méthode d’essai accéléré silencieux.
  • 16 types de documents doivent être vérifiés et documentés sur place.
  • Les procédures de suivi et de correction des défauts ont été améliorées.
  • Un registre pour les techniciens est inclus dans le rapport normalisé.

Modifications des procédures techniques

Essai de tolérance aux défauts de circuit

L’un des changements les plus importants concerne les procédures d’essai de tolérance aux défauts de circuit. En vertu de la nouvelle norme, les techniciens doivent mettre à l’essai individuellement chaque zone isolée selon le Code national du bâtiment, en créant et en mettant à l’essai systématiquement les défauts de continuité, les défauts à la terre et les défauts de court-circuit sur chaque zone isolée. Le processus exige la vérification du bon fonctionnement de toutes les autres zones situées en dehors de la zone isolée en cas de défaut, et les résultats doivent être consignés sur la Fiche d’essai de tolérance aux défauts de circuit normalisée (23.3). Cette procédure est directement proportionnelle à la complexité du système, ce qui en fait un facteur de temps important dans la durée de l’inspection.

Essais sonores dans les suites

Les essais dans les bâtiments équipés de modules isolateurs prendront considérablement plus de temps. La norme exige maintenant que des tests soient réalisés dans chaque suite dans des conditions d’alarme, avec des exigences spécifiques stipulant qu’un court-circuit entre fils ne doit pas nuire à la capacité des dispositifs situés dans d’autres logements, couloirs publics ou suites à déclencher une alarme. Cette exigence ajoute une complexité considérable au processus d’inspection, en particulier dans les immeubles résidentiels à plusieurs logements.

Protocole d’essai des batteries

Le changement qui prendra peut-être le plus de temps concerne les protocoles pour les essais de batterie. L’utilisation de testeurs de capacité pour batteries n’est plus acceptable. Les techniciens doivent maintenant utiliser exclusivement l’une des trois méthodes d’essai approuvées. La nouvelle méthode d’essai silencieux accéléré nécessite une résistance de charge de 200 W et de 5 ohms, ce qui augmente la durée de l’essai de 27 secondes à 5 minutes par groupe électrogène, par rapport à l’utilisation d’un appareil d’essai de charge pour vérifier les éléments de la batterie. Si l’on tient compte des procédures d’installation et de démontage, chaque groupe électrogène peut nécessiter 10 minutes ou plus, soit une durée d’essai dix fois plus longue.

Les résultats des essais de charge et de l’état des batteries doivent être consignés sur la fiche Mise à l’essai et inspection de l’alimentation de secours (22.5). La figure suivante montre comment mettre à essai des batteries conformément aux exigences suivantes :

Exigences en matière de documentation

Documentation sur place

La norme exige que les 16 documents mentionnés à I'article 21.1 soient disponibles sur place lors des inspections. Même si la documentation manquante n’est pas considérée comme une lacune dans la norme CAN/ULC 536:2024 (contrairement à la norme CAN/ULC-S537:2019), les techniciens doivent identifier et documenter toute documentation manquante relative au système, conformément à la section 7.5.

Nouvelles exigences en matière de rapports d’inspection

Le nouveau système de rapport normalisé élimine la flexibilité dont disposaient auparavant les entreprises d’inspection. Voici les principales restrictions :

  • Interdiction de retirer, de réorganiser ou de supprimer des sections du rapport[TK1]
  • Obligation de remplir tous les champs, sans possibilité de laisser des champs vides
  • Rapports d’au moins 18 pages pour tous les systèmes, peu importe la complexité
  • Utilisation obligatoire d’une terminologie et de descriptions normalisées
  • Options de personnalisation limitées, restreintes à l’insertion du logo de l’entreprise dans des zones désignées

Gestion améliorée des lacunes

Toutes les lacunes doivent à présent être consignées dans un document principal commun, qui doit être signé par le propriétaire du bâtiment ou son représentant seulement lorsque toutes les lacunes sont corrigées. Chaque lacune constatée doit être accompagnée de la disposition spécifique de la norme CAN/ULC 536:2024 qui justifie cette lacune. De plus, la date de révision du rapport doit être mise à jour au moment de la correction des lacunes, afin d’assurer une traçabilité claire de la conformité.

Documentation relative à la présence des techniciens

La norme exige maintenant la consignation de la présence des techniciens, obligeant le technicien principal à consigner la date et l’heure d’arrivée et de départ, son nom en lettres moulées et son numéro de certification pour chaque journée passée sur place. Cette exigence entraîne plus de temps d’administration, mais renforce la responsabilité.

Nouvelles procédures d’essai

Détecteurs à échantillonnage d’air

Les méthodes d’essai définies sont maintenant obligatoires et doivent respecter des procédures spécifiques de vérification de la sensibilité (voir 14.4.4). Selon le rapport normalisé, le temps de réponse du détecteur et les niveaux de sensibilité doivent être documentés.

Détecteurs de monoxyde de carbone

Les détecteurs de monoxyde de carbone connectés au système d’alarme incendie doivent être inspectés pour confirmer qu’ils sont installés conformément à leur conception et orientés de manière à détecter les dangers (voir 14.6.1). Conformément à la section 14.6.2, de nouvelles exigences relatives aux signaux d’alarme, des protocoles d’essai améliorés et une documentation spécifique pour ces dispositifs sont requis.

Dispositifs sans fil

Les essais des dispositifs sans fil englobent maintenant trois volets essentiels : la vérification des altérations physiques, la confirmation du niveau de charge de la batterie et de la date de remplacement, ainsi que les essais de communication avec le panneau de contrôle. Ces exigences répondent à la présence de plus en plus courante des technologies sans fil dans les systèmes d’alarme incendie modernes.

Considérations relatives aux annexes

La section des annexes de la norme fournit des détails qui méritent un examen attentif de la part des professionnels du secteur. La section A3.29, qui traite des lacunes touchant l’installation des détecteurs, a suscité un vif débat au sein de l’industrie. Si cette annexe est jugée exécutoire par l’autorité compétente, elle pourrait servir de justification pour une nouvelle conception des systèmes de protection existants, pouvant nécessiter le remplacement des détecteurs ponctuels par des systèmes à échantillonnage d’air dans les installations existantes et proposées.

Répercussions sur le secteur

La mise en œuvre de la norme CAN/ULC 536:2024 représente plus qu’une simple mise à jour des procédures; elle transforme fondamentalement les inspections des systèmes d’alarme incendie. Les techniciens doivent s’adapter à des périodes d’inspection plus longues, à des exigences plus strictes en matière de documentation et à des procédures d’essai plus rigoureuses. Les entreprises doivent adapter leur calendrier, leurs modèles de tarification et l’allocation de leurs ressources pour tenir compte de ces changements, tout en assurant la qualité du service et la conformité réglementaire.

La normalisation des formats de rapport, tout en réduisant la flexibilité, crée une uniformité dans l’ensemble du secteur et améliore potentiellement la communication entre les parties prenantes.

À mesure que l’industrie s’adapte à ces changements, la sensibilisation et la formation continues seront essentielles pour veiller à ce que les techniciens puissent naviguer efficacement dans ces nouvelles exigences, dans le respect des normes de sécurité élevées pour lesquelles les systèmes d’alarme incendie sont conçus.

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